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26/03/2023
Méditer, c’est beaucoup plus que prendre conscience de sa respiration, de ses perceptions, ou “vivre le moment présent”. Ça c’est contempler. Méditer ne s’improvise pas ! C’est une technique précise, spécifique, qui a été transmise de maître à disciple depuis des milliers d’années. La technique est basée sur une connaissance profonde de la nature de l’esprit et de la conscience, une science de la conscience.
Quand on médite, on quitte le niveau habituel de la pensée. On explore de façon automatique les niveaux plus fins de la pensée. A mesure que la pensée devient plus fine, elle devient plus diffuse. L’esprit s’identifie alors de moins en moins à la pensée (l’objet d’attention), et s’identifie de plus en plus à sa propre nature, la conscience elle-même.
Donc, la méditation est une exploration de moi-même.
Dans la méditation, on fait simultanément l’expérience de plus en plus de :
Transcender c’est aller au plus profond de nous même, au-delà de l’activité des pensées. Puisqu’il n’a plus d’objet d’attention, l’esprit devient lui-même son propre objet d’attention, il devient la conscience elle-même, la conscience consciente d’elle-même. C’est l’état auto-référent de la conscience, pure conscience, pur Être.
Transcender c’est “revenir à la maison”, Être Soi-même, seulement Être. La transcendance est l’aboutissement automatique de la méditation, de la vraie méditation. C’est l’expérience suprême. En terme de Yoga, c’est Samadhi.
Nos pensées, ou plus généralement toute notre activité mentale, limite notre esprit et le localise sur des sujets particuliers. La correspondance cérébrale de notre activité mentale est également une activité spécifique et localisée dans certaines zones du cerveau. Les pensées ont donc le pouvoir de limiter et de localiser l’activité du cerveau.
Transcender est la seule expérience qui anime la totalité du cerveau et développe ainsi spontanément la créativité au maximum et notre plein potentiel. (Cohérence EEG dans tout le cerveau – Youtube en Anglais)
Le mot transcendantal peut laisser croire que cette méditation a quelque chose de complexe. En réalité, c’est l’expérience la plus simple et naturelle qui soit, puisqu’il ne s’agit de rien d’autre que d’Être Soi-même.
En trois mots, la Méditation Transcendantale est SIMPLE, NATURELLE, SANS EFFORT.
Bertrand Canac
Avec l'aimable autorisation de
22/03/2023
Si le Hatha-yoga se réfère à l'hindouisme, le yoga tibétain fait partie intégrante de la tradition bouddhique et le sens même du mot yoga se réfère à des acceptions précises, propres au bouddhisme. Un yoga qui nécessite bonne condition physique et engagement.
L'expression « yoga tibétain » n'est pas signifiante en soi car elle fait uniquement référence à une caractéristique géographique et omet le contexte spirituel dans lequel s'inscrivent les pratiques yogiques.
« Nangpé yoga » est fréquemment utilisé mais cette expression pose un problème d'ordre linguistique : « Nangpé » est un terme tibétain qui signifie « intériorité » tandis que « yoga » vient du sanskrit.
Par ailleurs, certains ouvrages et professeurs font parfois référence aux « 5 tibétains », un enchaînement de cinq postures précises à pratiquer le matin, mais cette pratique, plus proche d'une gymnastique, n'a rien à voir avec le yoga tibétain tel qu'on l'enseigne et le pratique dans certains centres bouddhistes. Le terme tibétain pour yoga, « Neldjor », signifie union (djor) avec la nature essentielle de notre esprit (nel). Il est également juste de parler de « yoga bouddhique », car ce qui caractérise avant tout le « yoga tibétain », c'est la vue bouddhique à laquelle il se rattache, y compris dans la tradition bönpo (1).
Les enseignements bouddhistes constituent le pilier à partir duquel vont prendre sens les pratiques. Si le Hatha-yoga se réfère à l'hindouisme, le yoga tibétain fait partie intégrante de la tradition bouddhique et le sens même du mot yoga se réfère à des acceptions précises, propres au bouddhisme.
Les pratiques tibétaines sont du yoga
Selon les textes, toute pratique qui vise à atteindre l'Eveil peut être qualifiée de yoga : « Si on appelle yoga les pratiques méditatives, avec ou sans visualisation, on peut dire que presque toutes les pratiques tibétaines sont du yoga ; «Neldjor» est utilisé systématiquement pour toute pratique, qu'elle soit de type méditative, avec ou sans visualisation élaborée » confirme Philippe Cornu (2). « Yoga » est donc un terme communément utilisé au sens spirituel du terme. Plus schématiquement, on distingue trois sortes de yogas : les yogas du corps (appelés également Kum-nyé, trülkhor ou encore Yantrayogas dans les lignées tantriques et Dzogchen) qui comprennent des exercices corporels et des prosternations, les yogas de la parole (la récitation de mantras, par exemple) et les yogas de l'esprit, strictement spirituels. C'est dans les yogas du corps qu'on trouvera la proximité la plus manifeste avec le Hatha-yoga mais réduire le yoga tibétain aux seuls exercices physiques constituerait une grave erreur de compréhension de la tradition bouddhique.
Un enchaînement dynamique de postures
Dans la tradition tibétaine, le corps est notre véhicule terrestre qui doit nous mener à l'Eveil. Dans cet objectif, on va travailler sur les canaux subtils pour les préparer, les purifier et les assouplir à l'aide d'exercices, de massages et de postures. «On prend pour appui le corps physique qui est une interface avec ce qu'on appelle les canaux subtils dans lesquels passent les « loung », - les souffles - qui sont les courants de manifestation des consciences», explique Lama Shérab Namdreul. Plus spécifiquement dans la pratique tantrique, on distingue deux phases dans les pratiques yogiques : la phase de développement et la phase de perfection. «La phase de développement, c'est la visualisation : le yogi apprend à se visualiser sous la forme d'une déité et apprend ensuite à réciter son mantra pour mûrir le pouvoir de la déité en lui. Une fois cette étape franchie, il entre dans les yogas internes», (Philippe Cornu). La phase de perfection consiste à travailler là encore sur les canaux subtils, les chakras, les souffles qui circulent dans les canaux et les « gouttes essentielles ». S'entraîner à pratiquer des respirations en vase par exemple - respirations spécifiques qui comprennent des rétentions et des compressions – constitue l'un des axes de la progression spirituelle dans le Vajrayâna qui comprend à la fois les pratiques tantriques et le Dzogchen.
Certaines postures peuvent rappeler des asanas hindouistes, même si l'enchaînement des postures est ici très dynamique : «C'est un yoga actif, dynamique et vigoureux. On ne reste jamais longtemps dans les postures», précise Philippe Cornu. Sauts réalisés en posture de lotus («bebs»), claques ou flexions, constituent quelques-unes des particularités posturales assez spectaculaires et propres au yoga tibétain.
Des yogas encore secrets
Secrets pour la plupart, ces yogas nécessitent non seulement une très bonne condition physique, mais également un engagement de longue haleine. C'est pourquoi ces yogas ne sont pas enseignés au tout-venant. Et même si dans certains centres, comme à l'ermitage Yogi Ling, des stages sont ouverts à tous, il est fondamental de vérifier son intention et sa motivation spirituelle avant de s'inscrire : «On ne fait pas du yoga avec des préoccupations mondaines : pour l'hygiène, pour maigrir ou pour des performances physiques», rappelle Lama Shérab Namdreul, enseignant de yoga au centre Yogi Ling. Le yoga physique ne constitue qu'une méthode parmi d'autres pour viser l'Eveil dans la tradition tibétaine. Utile, efficace mais pas incontournable. Ce que confirme Lama Shérab Namdreul : «Ca peut être utile de faire du yoga physique pour les personnes très agitées, par exemple, parce que ça calme le corps, mais l'essentiel c'est d'arriver à la méditation de l'esprit».
L'exemple du Tumo, qui représente un des 6 yogas essentiels (5) transmis non seulement dans la lignée Changpa Kagyu mais aussi dans les autres écoles tibétaines, y compris le Yundrung bön, illustre parfaitement l'approche yogique du corps utilisé comme un moyen d'accès vers des objectifs spirituels ultimes. Dans cette pratique, on va canaliser les souffles subtils dans le bas-ventre (juste en-dessous du nombril) pour augmenter la chaleur du corps. Pratiqué parfois dans la neige et quelle que soit la température extérieure, ce yoga secret présente des aspects souvent spectaculaires à nos yeux d'occidentaux. Mais l'objectif visé est spirituel : « l'idée c'est de transposer cette félicité du corps dans l'esprit : on a une expérience d'éveil où la félicité n'est plus une expérience circonstancielle mais la nature même de l'esprit, car l'esprit est félicité » (6) explique Lama Shérab Namdreul.
A moins de prendre refuge et de s'engager pour de longues années de pratique, aucun de ces yogas secrets ne sera accessible à nous autres occidentaux. Toutefois, soucieux de diffuser ses enseignements au plus grand nombre, Kalou Rinpoché a conçu un ouvrage « Le Yoga Tibétain » qui s'adresse à tous, bouddhistes ou non, et aussi bien aux débutants qu'aux pratiquants avancés.
Nathalie Ferron
(Article publié dans la revue Santé Yoga Mai 2008)
Retrouvez toutes les activités de Nathalie Ferron si vous le souhaitez sur son site:
Lignées:
« C'est au 8e siècle que le yoga fait son apparition au Tibet, facilitée notamment par le traducteur Pagor Vairocana qui a transmis tout un système de yogas. Puis, au moment de la seconde diffusion du bouddhisme au 11e siècle, de nouveaux textes indiens tantriques arrivent au Tibet » (Philippe Cornu). Chaque lignée a développé ses propres yogas, textes et enseignements : Lama Shérab Namdreul (3), par exemple, appartient à la lignée Changpa Kagyu. Il a reçu ses enseignements de Kalou Rinpoché (1904-1989), un des plus célèbres maîtres tibétains de yoga en occident, lui-même se référant à trois illustres transmetteurs de l'Inde au Tibet : Naropa, Niguma et Sukkhasiddhi (4).
(1) Le bouddhisme comprend cinq écoles : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelougpa et Youngdrung Bön.
(2) Philippe Cornu est enseignant-chercheur et président de l'Université Bouddhique Européenne. Spécialiste du bouddhisme depuis une trentaine d'années, il a publié de nombreux ouvrages dont «le Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme », aux éditions Le Seuil (2006).
(3) Lama Shérab Namdreul est enseignant et responsable des éditions Yogi Ling depuis 25 ans. Il a reçu les initiations, enseignements et transmissions de son maître Kalou Rinpoché.
(4) Naropa (brahmane indien) et sa compagne Niguma – Soukhasiddhi vécurent au Cachemire au 9e siècle et transmirent la pratique des six yogas à Kyoungpo Neldjor, le maître fondateur de la lignée Changpa au Tibet. Source : www.Yogi-ling.net
(5) Les 6 yogas essentiels dans la lignée Changpa Kagyu sont : le yoga du feu intérieur (Tumo), le yoga du corps illusoire, le yoga du rêve, le yoga de la claire lumière, le yoga du transfert et le yoga du bardo.
(6) La félicité fait partie des 5 qualités de l'esprit. Les 4 autres qualités sont la clarté, l'équanimité, la compassion et la connaissance.
A lire :
« Le Yoga Tibétain » de Kalou Rinpoché, ed. Kunchab.
« Voie Graduelle du Yoga Tibétain » de Neldjorpa Shérab, ed.Yogi Ling
Illustration :
Nicolas Roerich peintre russe (1874-1947)
15/03/2023
Rikhia et le Sat Chandi Maha Yajna - Extraits
Riz sauté, flocons légers, thé noir serré, ce nasta me réconcilie avec la vie, puis c’est le plongeon. Plongeon dans l’activité, plongeon dans le karma yoga, l’action en conscience, l’action sans attente, plongeon dans le seva, service aux autres, service désintéressé. Plongeon aussi dans l’immense foule bigarrée, composée tant d’Indiens que d’étrangers venus de tous pays aider aux préparations du grand festival tantrique qui approche, le Sat Chandi Maha Yajña. Il semble que de ce plongeon je ne sois jamais ressortie.
L’activité est intense, fébrile, trépidante. Nous, les étudiants de l’université de Munger, sommes affectés à la cuisine, au service des repas. Une folie mélangée à une incroyable organisation à l’indienne. Lorsque l’heure arrive, la foule est dirigée de façon parfaitement fluide par les jeunes batouks et kannyas, dont nous reparlerons bientôt, de manière que chacun s’assoie sur les tapis installés sur le gazon du grand Alakh Bara. Devant chaque invité ont été déposés une assiette et un petit bol en feuille de bananier, ainsi qu’un minuscule verre en terre cuite. Point de couverts puisque nous mangeons avec les doigts en Inde. Notre tâche, à nous les étudiants sevak1 est alors de passer le long des interminables rangées de convives bariolés en portant les seaux inépuisables de nourriture, munis de grosses louches pour servir tout un chacun de dhal, riz, sapji. Tout cela sous l’œil vigilant et la guidance parfois chaotique des différents swamis en charge, les responsables coordinateurs, dont les instructions souvent contradictoires sèment régulièrement un vent de panique dans les rangs des sevaks. Qu’à cela ne tienne ! Cela fait partie du jeu !
Autant dire que nous ne nous ennuyons pas dans notre karma yoga-seva. Car le service devient rapidement non stop du matin au soir, vu la foule qui ne cesse d’affluer à l’ashram. Le début du Sat Chandi Maha Yajña approche et certainement plus de mille personnes déjà défilent quotidiennement pour prendre les repas. Servir me plaît totalement. Les regards de l’un à l’autre deviennent comme une danse magnifique unissant tout un chacun par ce lien d’amour universel dont j’ai reçu quelques étincelles, alors un baume s’étale dans mon cœur qui me fait planer dans des espaces de félicité bienheureuse ; et lorsque mon regard croise celui d’un ami yogi aussi euphorique que moi, nos yeux confirment : cette expérience sublime est l’amour qui unit tous les êtres, l’amour d’Anahat, le cœur de l’Univers ! À Rikhia, l’amour inconditionnel est palpable et nous le touchons avec nos cœurs.
Abandonnant alors toute résistance, plongeant dans la danse du seva sans compter, donnant sans relâche et sans attente, je me laisse porter et cet amour devient expérience. Bonheur indescriptible. La foule bigarrée aux mille visages inconnus devient manifestation d’amour. Servir une louche de sapji dans une assiette en feuille de bananier, recevoir le regard souriant du vieil homme satisfait ou de l’enfant content, sentir cette union entre tous les êtres présents ici, qui n’ont pour autre but que de servir, c’est une découverte d’une puissance non encore explorée. La sensation de oneness… Unité, union… Nous sommes un.
Serve – Love – Give
Sers – Aime – Donne
La clé du yoga de Shivananda. La clé qui ouvre le cœur. C’est tout simple et facile. Il suffit de s’y abandonner… Tout malaise a disparu à présent, je me lève chaque matin comme s’il y avait un ressort dans mon lit qui me propulse dehors pour servir. Ouverture, c’est l’ouverture qui continue…
Et bientôt le Sat Chandi Maha Yajña commence. Cette fois plus de seva. Suivre le programme autant que nous le souhaitons, telle est la consigne. Aussi, dès le premier matin alors que le soleil se lève à peine sur l’Alakh Bara, je me précipite à l’entrée, où je retrouve de nombreux autres aspirants, impatients comme moi de vivre ces moments inconnus. La porte s’ouvre, nous entrons. Les jeunes kannyas, certaines hautes comme trois pommes, d’autres jeunes adolescentes aux corps graciles, dessinent avec un sourire candide au milieu nos sourcils, le point rouge des Indiens symbolisant le troisième œil, la conscience, Shiva. Une mélodie de flûte aérienne baigne la place d’une atmosphère céleste. Des tapis verts sont étendus partout, une estrade colorée, décorée par des centaines de fleurs, rubans et tentures, trône au centre de l’espace lumineux. L’activité est intense, partout des sevaks s’affairent aux dernières finitions. Guidés d’une façon parfaitement fluide par les kannyas, les centaines de participants s’installent dans un respect tangible picoté d’une excitation enfantine. Les sourires des uns aux autres en disent long. La plupart ont parcouru des milliers de kilomètres pour se joindre à ce programme hors de tout ce qui est connu. Et moi je suis là, invitée privilégiée de l’université de Munger, comme si la grâce m’avait portée dans ce lieu où tout est émerveillement.
Ces kannyas et batouks sont des jeunes enfants que swami Satyananda a adoptés. Enfants des villages de la région immensément pauvre du Bihar, ils seraient restés sans vêtements, sans même manger tous les jours et bien sûr sans aucune éducation. Paramahamsa Satyananda, en étendant ses grands bras d’amour, les a pris sous sa protection. Commençant avec cinq cents kannyas (les filles), il a continué avec cinq cents batouks (les garçons) qui ont entre cinq et douze ans en 2001. Les enfants partagent leur journée entre la bicoque parentale, où ils aident aux divers travaux de base, et l’ashram, où ils reçoivent à manger trois fois par jour (dans leur village c’était à peine une fois par semaine) ainsi que des vêtements, des soins, une éducation dispensée par des swamis résidents et, plus que tout, ils reçoivent la grâce de Paramahamsaji. Mais cela je ne le comprends pas encore. Pour le moment je vois de jeunes enfants indiens s’amusant comme des fous à guider les étrangers souvent maladroits et trop gourmands de tout, notamment d’espace. Comment nous installer par centaines sur des surfaces si réduites ? Il nous faut plier nos jambes, serrer nos corps encore et encore, afin que chacun puisse prendre place. Et, lorsque nous sommes recroquevillés au maximum, il nous faut encore nous compresser car d’autres vont arriver !
Depuis que je suis en Inde, cette différence flagrante me percute de plein fouet, entre nous, les Occidentaux du monde riche et moderne, et les Indiens, effacés, humbles et contents. Nous prenons tout sans être jamais satisfaits de ce que nous avons, nous désirons toujours plus de tout. De nourriture, de thé, d’espace… Alors j’ai honte. J’ai honte de boire une énorme chope de thé alors qu’un Indien sera content avec un minuscule verre. J’ai honte de transporter partout mon sac rempli d’accessoires inutiles qui prennent de la place alors qu’un Indien se promène sans rien et s’assoit sans bruit comme dans un mouchoir… J’ai honte mais je n’y peux rien. Je suis occidentale. Je ne savais pas. Je ne savais pas ce que Paramahamsa Satyananda va résumer en ces quelques mots : « Ce qu’un Indien consomme en un an en énergies, nourriture, eau, vêtements, électricité, etc., un Occidental le dissipe en un jour. »
À Rikhia je découvre le monde tel qu’il est. Ce que je ressens depuis toujours, sans pouvoir le cerner, l’Inde me le montre avec une acuité redoutable : ce déséquilibre flagrant, monstrueux qui se creuse tous les jours entre pays riches, cages dorées, hôtels cinq étoiles, supermarchés dégoulinants, et pays pauvres, manquant de tout surtout de l’essentiel comme d’un repas par jour, d’eau, de couvertures, d’abris… Ce déséquilibre indécent entraînant l’humanité à sa perte est, en Inde étalé sous mes yeux. Et je suis sous le choc. Notre minuscule minorité de gens aisés, voire riches, consomme toutes les ressources de la planète alors qu’une immense majorité d’êtres humains est en manque de tout.
Nous avons oublié de partager.
Le programme du Sat Chandi Maha Yajña devient pour moi une gigantesque prise de conscience et l’expérience qui me transformera pour le meilleur, sans possibilité de retour. Enfin !
Autobiographie d'une pilote non ordinaire
Avec l'aimable autorisation de
13/03/2023
Que nous réserve 2022, l'année du tigre d'eau ?
Nous sommes à un tournant de civilisation où il va nous falloir lâcher d'anciens repères et aborder le Nouveau Monde qui se dessine dans la décennie à venir. En quoi le travail de développement personnel, de lucidité, de compréhension de nous-mêmes peuvent-ils nous aider ?
L'astrologie chinoise est depuis toujours un puissant outil de connaissance ; elle peut nous aider à mieux comprendre le sens de notre chemin d'incarnation et à regarder notre vie avec plus de recul et d'amour.
2022 : L’année du tigre d’eau !
En ce début février commence l’année chinoise du Tigre d'eau. Venez découvrir ce qu’elle nous réserve, signe par signe! L’association du tigre, animal solaire Yang, prédateur, couleur feu, associé au trigramme masculin, dynamique, combatif, ascendant, et de l’eau, énergie lunaire yin, froide, de couleur bleu-noire, intériorisée et descendante, augure ici d’une étrange contradiction.
Il faudra que ce tigre apprenne à nager dans des eaux parfois insaisissables, émotionnelles, qui le laisseront souvent désarçonné et l’obligeront à une grande adaptabilité. Le tigre a besoin de s’opposer, d’agir vite mais il attaque de façon imprévisible en ayant au préalable un calcul mesuré. L’eau est un élément de sensibilité de lucidité et d’intelligence, voire de retenue face à l’action. Nous pourrions assister cette année à de réels problèmes sociaux, politiques, de soulèvements, de luttes, entre les nations.
Les années tigre sont associées à des années de déclaration de guerre (Hitler et l’envahissement de la Pologne) et le signe à de grands hommes politiques dont le nom ne s’efface pas car ils ont fait des choix cruciaux (indépendance de l’Algérie). L’année est donc reliée à l’engagement et au choix.
L’eau, quant à elle, indique au niveau écologique des périodes de débordement (inondations, tsunamis) ou de sécheresse dans certaines régions du globe, ce qui pourrait entraîner des mouvements de masse migratoire qui s’accentueraient. L’agriculture et les océans seront sous vigilance extrême.
Le tigre, dans son aspect positif, est humaniste, charismatique, fraternel et protecteur des enfants. De nouvelles lois concernant l’éducation et la protection pourraient être votées ou améliorées. Enfin, son intelligence toujours à la recherche du nouveau, permettra de nouvelles découvertes astronomiques et scientifiques.
Une année complexe où il faudra rester en vigilance, sur ses gardes, faire ses choix et ne pas sentir désarmé mais aussi savoir constamment s’adapter.
Mois forts de l’année : mars avril août octobre.
Le rat et l’année du tigre : Il sera un peu désemparé, virevoltant d’une décision à l’autre et devra faire des choix sans se laisser influencer par son entourage en se tournant vers ses vrais besoins.
Le buffle et l’année du tigre : Ils ne se comprennent pas toujours mais apprécient leur stratégie mutuelle. Des rivalités au travail, des joies avec les enfants, un grand désir de prendre du bon temps parfois en opposition avec l’activité haletante de l’année.
Le tigre et l’année du tigre : le voila dans son élément ; il lui faudra faire des choix de vie : professionnels, sentimentaux… c’est l’année du tournant et des grandes remises en question.
Le lièvre et l’année du tigre : Bien malin qui l’attrapera !Il prévoit longtemps à l’avance et planifie tout. Malgré tout, ses peurs profondes et inconscientes de sécurité peuvent induire des états de malaise ou de nervosité.
Le dragon et l’année du tigre : Il reprend ses ailes cette année et s’accorde une vision plus large face à sa vie. L’impétuosité du tigre lui permet de se réinventer et surtout de concrétiser son inventivité et ses projets.
Le serpent et l’année du tigre : D’habitude son intelligence lui permet de composer et d’attendre le bon moment mais il devra passer à l’action cette année ; le tigre le booste et lui envoie l’impulsion nécessaire pour sortir de son cocon spiralé. Le sport lui sera particulièrement bénéfique.
Le cheval et l’année du tigre : C’est normalement une alliance d’excellence , à condition que rivalité et impatience ne jouent pas trop de tours à notre pur-sang si sensible au jugement d’autrui ! De belles réalisations sont possibles et du succès !
La chèvre et l’année du tigre : Ils jouent au chat et à la souris tous les deux !Des moments de grande excitation et des périodes plus intériorisées sont à prévoir. Le tigre rend la chèvre plus audacieuse et plus assurée, prête à l’action. C’est une année de choix où elle se lance dans la réalisation de ses entreprises.
Le singe et l’année du tigre : Il s’organise pour ne pas être à la merci du prédateur, du haut de son arbre ! Réflexion, recul, analyse, organisation, adaptation lui permettront de voir venir et de vivre son année avec moins d’inquiétude, en appréciant mieux chaque instant avec zénitude !
Le coq et l’année du tigre : Ils sont tous les deux des champions dans leur genre qui ne cèdent en rien !Ce ne sera pas si facile…Beaucoup de combativité, d’ambition et de rivalité dans plusieurs domaines. Il faudra peut être parfois accepter de lâcher du lest…pour mieux triompher, naturellement !
Le chien et l’année du tigre : C’est un ami de longue date pour le chien, surtout dans le domaine amical et professionnel. L’hyperactivité de l’année pourrait occasionner des moments de fatigue intense et une fougue démesurée .Il faut arrêter de trop vouloir faire, prendre des temps de pause,se calmer.
Le cochon et l’année du tigre : Pas forcément évident ! Le tigre l’énerve et lui demande de sortir d’habitudes casanières ; il l’incite à retrouver une motivation de vie, à explorer de nouveaux rêves, à se poser d’ autres challenges, à sortir des routines, à oser l’imprévu.
Marina Knerr
Avec l'aimable autorisation de
04/03/2023
Calédonie: Pilote de Boeing! - Extraits
Une vie de rêve commence alors pour moi. Je vole sur le Boeing, au-dessus des paysages époustouflants de beauté du Pacifique, à un rythme qui me permet de découvrir une des régions les plus splendides de la Terre et lorsque mon hôte et ses enfants s’envolent finalement vers la France, je m’installe à Vallon Doré, près de Nouméa et de l’océan, dans une maisonnette en bois peint entourée de fleurs tropicales. Meubles en bambous et tentures orientales, me voici dans mon cocon. Incapable de rester en place, je me donne de nouveaux challenges sportifs qui prennent la suite des challenges professionnels. Marche, nage, vélo, mon corps a retrouvé sa forme, alors je le pousse à fond, oubliant déjà mes fragiles résolutions ainsi que les conseils de mon ami l’arbre : je grimpe des côtes raides sur la première vitesse du vélo en transpirant sous le soleil impitoyable réverbéré par le sable blanc tout en observant de temps à autre le sommet visé : « J’y arriverai ! Oui, j’y arriverai ! Je suis un guerrier ! »
C’est mon leitmotiv. J’avais décidé d’être pilote, je suis devenue pilote. J’avais décidé de voler sur Boeing, me voilà sur le Boeing. Oui ! Je suis un guerrier ! Un guerrier qui, depuis la Guyane, depuis que se répètent tant et tant de souffrances amoureuses, depuis qu’il vit tant et tant de séparations douloureuses, a aussi imprimé dans sa tête une phrase positive qui lui donne de la force : transformer la douleur du passé en énergie des trésors acquis pour aller de l’avant. Car j’ai découvert ainsi qu’un cercle vertueux, alimenté par un effort constant de pensée positive, s’auto-engendre. Et ça fonctionne. Du moins dans une certaine mesure, car j’échappe ainsi à la dépression totale.
En fait, est-ce vraiment moi, Mirabelle Forsythia, qui ai décidé de devenir pilote, puis pilote de Boeing ? Je me le demande bien. Je croyais aussi avoir décidé de vivre avec l’amour de ma vie, tranquillement jusqu’à la fin de mes jours et je n’ai plus rien compris quand tout s’est arrêté. Les interrogations passent par flashs, mais je ne m’y arrête pas encore. Le temps en Calédonie n’est pas à la métaphysique. Je découvre que je suis dans mon élément de voyageuse toujours avide d’aventures et de découvertes grâce auxquelles je peux compenser le grand vide qui persiste dans mon cœur. Et les paysages captivants de l’île dont les étendues désertes et énigmatiques me magnétisent au plus haut point, deviennent le terrain de mes explorations solitaires. Parfois un rapace aux ailes gigantesques se pose non loin de mon vélo et me regarde. Alors je m’arrête un moment, le temps de plonger mes yeux dans les siens jusqu’à ce qu’il décide de s’envoler. Ébahie je poursuis du regard les reflets argentés qui montent dans le ciel, puis un cri, et il trace… Béate, un rien sonnée, la petite lumière au-dedans s’est rallumée.
Parfois, ce sont les amis pilotes qui m’invitent à leurs sorties familiales, en montagne, en mer ou vers les îles entourées de sable blanc et d’eau cristalline. Quoique ces escapades me ravissent, elles soulignent du même coup cruellement ma différence : cette solitude qui, malgré tous mes efforts, colle à ma vie. Quel est donc le mystère qui me cloître dans cet isolement ?
Le contact n’a pas été totalement rompu avec le champion-entraîneur volant et, lors d’un entraînement que son équipe vient effectuer entre Sydney et Nouméa, nous allons même nous revoir. Mieux, je me suis arrangée pour ramener mon héros depuis Sydney vers Nouméa, dans mon avion, en lui laissant partager les joies du cockpit. Je ne suis pas peu fière et toujours amoureuse… du moins je me le fais croire. Mais cette fois point de dérapage, monsieur le Champion restera imperturbable et moi toute perturbée !
Ainsi ma vie continue sans que je comprenne grand-chose… Je n’aime que des hommes inaccessibles et me fracasse inlassablement sur les rochers tandis que la solitude m’emporte sur ses ailes, toujours plus loin, toujours plus haut. Parfois le vertige se glisse lorsque j’en prends conscience, car je note également qu’il est quelques hommes qui s’intéressent à moi, libres ceux-là, mais je les ignore, comme s’ils n’existaient pas. Pourquoi ? Je questionne les étoiles, mes fidèles amies. Mais elles restent muettes…
Je déménage. De plus en plus loin, à Bouraké. C’est un petit village proche de l’aéroport. Mais je ne suis ni au village ni à l’aéroport, j’ai trouvé une maison encore plus isolée, loin, très loin, au bord de l’océan, au bout de l’île, au bout du monde. Complètement isolée, absolument seule. Il n’y a rien ni personne ici que les oiseaux et la mer. Que les oiseaux et la mer. Je vais à l’aéroport avec mon auto et rentre dans ma retraite après les vols. Peu de visiteurs viendront si loin pour me voir et je n’irai à Nouméa que rarement, juste pour les leçons de tai-chi.
Petite ville de riches colons aux intérêts très superficiels, Nouméa fait se côtoyer une population très variée, pas toujours en bonne harmonie. Il y a les Caldoches, Français immigrés en Calédonie depuis plusieurs générations, les Zoreilles, Français qui comme moi sont de passage pour quelques semaines, mois ou années, et puis les Kanaks, les habitants indigènes de l’île qui vivent là depuis toujours. Ils sont rares à Nouméa, préférant garder leurs traditions vivantes dans les villages des montagnes. Le peu de contact que j’ai avec les populations révèle à mes yeux beaucoup de rivalités, de relations de pouvoir, de ségrégation, voire de racisme ou de colonialisme. La politique à cette époque est encore un sujet très délicat, suscitant passions, révoltes, colères, oppositions. L’indépendance est sur la sellette, on questionne : dans dix ans ? Des votes, des manifestations prennent place de-ci de-là, dont j’entends vaguement parler comme au travers d’un filtre, car de toutes façons les affaires de drapeaux ne m’intéressent pas. De plus le temps ne me sera pas donné pour approfondir ces découvertes…
Dans ma bulle protégée, loin des mouvements de société, je me laisse bercer par la nature grandiose. Lorsque je marche en chantant sur la plage infinie, me sentant en symbiose avec la Terre et le cosmos, des oiseaux blancs aux allures de pélicans se posent tout près de moi. Tranquilles, ils lissent de leur gros bec, leurs ailes souvent souillées de vase, tandis que l’écume des vagues lèche leurs pattes palmées collées aux rochers. Observant un invisible univers, ils semblent attendre quelque signe. Soudain, les voilà jetant des cris perçants, agitant bruyamment leurs ailes, piétinant quelques secondes la grève, et ils s’envolent patauds et splendides, vers une destination inconnue souvent au ras des flots. Je continue à chanter en les suivant du regard, parfois ils reviennent, parfois ils disparaissent. Alors j’observe les escargots de mer. Tellement cocasses, portant leur maison carapace sur leur dos invisible, ils sont roulés boulés par le ressac incessant et dansent au milieu des algues marines. Un parfum enivrant mêlé de sel, d’embruns et d’horizons lointains me saoule délicieusement et, même si mes questions lancinantes n’ont toujours pas de réponse, dans mon repère du bout de l’île je dors à poings fermés comme un bébé dans les bras de l’Univers.
*
Un jour mes parents arrivent. La compagnie est assez flexible pour arranger mon planning de telle sorte que, lors d’un vol sur Sydney, maman fasse l’aller dans le cockpit et papa le retour. Comme je suis fière ! Enfin ils voient que, toute inconsciente ou utopiste que je paraisse, je peux être aussi une bonne pilote de Boeing. Sans compter que nous reçûmes un cadeau exceptionnel lors de ce retour : alors que nous étions au point d’arrêt du milieu de piste, attendant notre tour pour décoller, nous apprenons qu’un gros Boeing 747 s’apprête à prendre son envol du bout de la piste.
« Regarde bien, papa, là-bas à gauche au fond de la piste, il arrive ! » Papa penche son grand corps entre le captain et moi pour mieux voir et assiste, comme nous, au spectacle époustouflant.
Le géant roule au loin, prend de la vitesse en grossissant rapidement. Et bientôt l’énorme jumbo devient oiseau exactement sous nos yeux : son nez se lève, ses pattes-roues multiples décollent du sol dans un fracas visible, se lâchent en vibrant grossièrement, ses ailes gigantesques ondulent, battent l’air en dansant au rythme de l’envol dans une amplitude ahurissante et, dans une légèreté qui nous laisse ébahis, l’oiseau s’envole. C’est majestueux. Ça tient du miracle. Émue je regarde papa, une petite larme perle au bord de ses yeux. Pareil pour moi. Émotion forte. Inouïe symphonie.
Mes parents partis, je retrouve mon vélo, la marche, la natation et ma solitude... Il y a bien un captain qui me plaît mais évidemment il n’est pas libre. Pourquoi est-ce que je ne rencontre pas un autre amour ? Pourquoi les hommes qui m’attirent sont-ils tous impossibles ? Pourquoi les hommes que j’attire ne m’intéressent-ils pas ? Les mêmes questions basiques reviennent et je n’ai toujours pas de réponse. J’essaie de comprendre, je cherche, j’observe. Quel est donc ce nœud qui me bloque ? À moins que ce soit un voile qui obstrue ma vision ?
Parfois mes comportements me font peur : un jour je crie après un ami copilote parce qu’il propose une sortie au restaurant à tout l’équipage. D’un seul coup, sans que j’aie rien pu arrêter, une colère rageuse sort de ma bouche et arrose tout le monde de cris empoisonnés, d’un venin acide que je ne peux pas rattraper, comme lorsque j’avais crié après Antoine. Je me hais. Je me sens habitée par un démon plus fort que moi, qui n’est pas moi mais qui est là, en moi. J’ai beau présenter mes excuses au copilote une fois la rage passée, cela n’ôte pas l’amertume, ni dans mon cœur ni en l’ami. Quelque chose est brisé. J’ai honte de moi. Quel est ce processus diabolique ? Il faut que je change, mais comment ? Encore des questions sans réponses…
Bientôt, je me sens à bout de ressources pour combler le vide de ma vie. Ni les vols fascinants ni les challenges sportifs n’arrivent à faire disparaître la nausée de cette solitude qui me colle à la peau comme une glue. Les colères injustifiées apparaissent pour un oui pour un non, accompagnées de maux dans tout le corps, signes d’un malaise à présent évident.
Du reste, il y a eu cette douleur étrange dans un œil, lors du vol d’observation que j’ai dû effectuer avant mon tout premier vol comme copilote. Un signe ? J’étais entrée dans le cockpit pour observer, puisque c’était mon devoir. Et comme si le soleil avait lancé une épée dans mon œil droit, perçant le bord de mes Rayban, une douleur aiguë s’est allumée dans ma tête, qui a persisté durant tout le vol. Paniquée à l’idée de rater mon début sur Boeing, je n’ai rien dit à personne et, à mon grand soulagement, cela ne s’est guère reproduit par la suite, ou alors bien plus tard…
À cette époque, fin1998, j’ai des tensions partout dans le dos, surtout dans la nuque. Je vais voir un ostéopathe très compétent qui me dit qu’il ne peut rien faire tant je suis tendue : « Il faudrait surtout que vous vous détendiez », me dit-il. Que je me détende ? Je le regarde abasourdie comme s’il me parlait chinois. Qu’est-ce que ça veut dire se détendre ? À l’instar de la modération, la détente ne fait pas partie de mon vocabulaire, encore moins de ma vie. Pourtant, lorsque je suis au simu à Melbourne et que je ne peux plus tenir le manche tant j’ai mal, je commence à imaginer ce que la détente pourrait apporter.
L’ostéopathe m’envoie chez une jeune kinésithérapeute, Mireille, qui pratique une méthode spéciale dite Mézière. Nous sympathisons rapidement et son visage flamboyant de soleil me montre la réalité :
« Regarde-toi dans ce miroir, tu ne remarques rien ?
– Hum… ma foi… »
Tout décoré de tentures bleu turquoise à l’image du ciel tropical, le cabinet de Mireille est bien agréable, des senteurs de crèmes et d’encens orientaux baignent la place, la flamme d’une bougie anime le coin où est tendu un paravent de bambou. Et par les fenêtres, les bougainvilliers d’un rose éclatant grimpent jusqu’à l’étage, s’accrochent aux montants comme s’ils voulaient entrer boire le thé avec nous. D’ailleurs j’aimerais mieux boire un thé au jasmin que regarder dans cette glace, le reflet de mon corps tendu.
" Ben non, je vois rien ! Bon, je suis pas bien droite oui, c’est vrai, mais quoi…
– Regarde ton épaule droite, et puis ton épaule gauche, tu ne vois rien ?
– Ah mais oui, tu as raison…
– Tu vois c’est net, ton épaule droite est musclée et gonflée comme le bras de Popeye tu ne trouves pas ?
– Tandis que le bras gauche est fluet comme les cannes d’Olive !
– Exactement…
– Ben dis donc… Mais comment se fait-il ?... soudain je prends peur devant l’évidence…
– Tu m’as bien dit que tu pratiquais beaucoup de sport ?
– Hum, oui, c’est vrai, la gym aérobic, la natation, le vélo, la course, j’ai même préparé un marathon il y a deux ans, en Guyane…
– Et ?
– Ben… J’ai du déclarer forfait à quinze jours de la course, blessure. »
J’avoue toute penaude ce qui resta pour moi un échec cuisant et une grosse déception, quoi que simplement le résultat de mon inconscience…
« Bon mais et alors ? C’est loin tout ça, c’était il y a deux ans !
– Tu sais Mirabelle, le corps garde la mémoire des blessures…
– Oui, bon, je veux bien, j’y ai été trop fort, d’accord, je sais pas modérer moi, mais en tous cas je vois pas ce que la course vient faire avec mes épaules décalées !
– Je ne dis pas que le rapport est direct, mais tu sais, dans le corps, tout est lié : imagine ta colonne vertébrale comme le mât d’un grand voilier, tu vois ? Et tes bras, tes jambes, avec toutes les articulations, tendons muscles et tout, seraient comme le gréement, avec les voiles, haubans, vergues, cordages et tout, tu vois ?
Ah l’image est claire, même si je n’y connais rien en voile ; je comprends que lorsqu’une voile se déchire, ou un hauban ou quoi, l’équilibre se dérègle, entraînant dans un mouvement incertain le reste du gréement, peut-être jusqu’au faîte du mât qui s’efforce de maintenir l’édifice debout ; je vois même l’équipage affairé aux cordages, bordant les écoutes par ici, choquant par là… C’est limpide…
« Le corps compense en fait, c’est ça ?
– Exactement ! Si tu te foules la cheville, tu ne vas pas rester allongée jusqu’à ce que ça guérisse, tu continues à marcher, mais en boitillant, et durant ce temps, le corps compense pour continuer à assurer son job. Alors si ça ne dure que quelques jours ou semaines, tout baigne, mais je ne suis pas sûre que ça soit ton cas… »
Je baisse la tête, confuse d’avoir été à ce point inconsciente…
« Pourtant mes amies m’avaient mise en garde tu sais ! « Tu approches quarante ans… qu’elles disaient… à cet âge le corps ne réagit pas comme avant, tu devrais te modérer »… Tu parles, me modérer, moi ? Je ne sais pas faire.
– Et ton entraîneur non plus ne voulait pas t’entraîner…
– Ben non… C’est moi qui l’ai poussé à accepter ! Mais tu sais, en quittant la Guyane, j’ai reçu un message de sagesse : j’allais souvent voir un grand arbre, un Fromager immense, sur la colline de Matoury, un arbre sacré des Indiens d’Amazonie. Et bien en quittant la Guyane, j’avais tellement mal dans mon cœur, que j’ai pris son tronc dans mes bras, enfin c’est plutôt lui qui m’a prise dans ses « bras » car je faisais même pas le tour… »
Mireille écoute attentivement mon récit tandis que des larmes perlent au bord de mes yeux au souvenir de ce moment fabuleux.
« J’étais tellement triste, tu sais, mes amours déchirés, cette solitude qui me colle, et j’allais quitter ce pays que j’aimais, alors j’ai demandé à Ceiba pentandra (c’était son nom) « mais qu’est-ce que je dois faire ? Dis-moi !» J’étais éplorée, en larmes, désespérée. Et là, contre l’écorce rugueuse, j’ai entendu l’arbre chuchoter : « Modère »….
– Modère ?
– Oui, « Modère » c’est tout ce qu’il a dit, mais j’ai immédiatement compris. Je suis comme une fusée qui peut jamais s’arrêter. Et j’ai besoin de me modérer. J’ai compris, et par-dessus tout, j’ai été subjuguée que l’arbre m’ait parlé. À moi, petite pilote de brousse de rien du tout...
– Et tu as quitté la Guyane, et tu as passé tes licences pour piloter un Boeing, et à présent tu es là en Calédonie…
– Et je ne sais toujours pas me modérer… Tu vois bien, après un an sans sports, j’ai déjà repris à fond vélo, gym et tout…
– Dans les avions ça se passe comment ?
– Ah ça j’adore tu sais, c’est tellement enivrant ! Voler sur Boeing, je n’aurais jamais cru que ça me plairait, moi j’aime tellement piloter, je veux dire, piloter pour de vrai, tenir le manche, faire des approches à la main et tout. Et bien figure-toi que même sur le Boeing c’est possible ! C’est un avion qui se pilote vraiment, et dans le réseau Air Calin, nous allons sur des pistes… ah je te dis pas, comme quand j’étais pilote de brousse en Guyane ! Des pistes aux approches délicates, il faut calculer des descentes, glisser le long des reliefs, adopter des trajectoires bizarroïdes en évitant les tourbillons pour poser les roues de notre avion sur une bande de bitume longue de mille mètres, calée sur un bout de terre entre montagnes et océan. C’est fabuleux tu sais !
– Je peux à peine imaginer ! Mais ceci dit, tout cela doit causer beaucoup de stress dans les épaules, c’est une zone où nous emmagasinons les tensions quotidiennes et si nous ne détendons jamais notre corps, et bien il se crispe, et en se crispant, il se déforme, car il doit « compenser » pour continuer…
– D’où Popeye et Olive…
– D’où Popeye et Olive… »
Les yeux verts de Mireille plongent affectueusement dans les miens dont j’essuie doucement les larmes. Elle est belle Mireille, toute fluette dans sa robe à fleurs sans manche, ses taches de rousseur sourient avec les fossettes de ses joues tandis que ses cheveux résolument roux brillent du soleil de midi. Midi ? Ouh, avec tout ça le temps passe et je devrais partir mais quelque chose me retient. Que vais-je devenir avec un bras en acier, l’autre en caoutchouc et des douleurs de partout ? Comme si elle entendait ma détresse silencieuse, Mireille répond doucement :
« Il y a quelque chose que tu peux faire…
– Ah oui ? Je t’écoute !
– Du yoga.
– Quoi ? Du yoga ? Ah non alors ! Dormir sur des tapis ? Rester assise sans rien faire ? Ah non, pas du yoga ! »
Ses sourcils se froncent imperceptiblement, découvrant le doux sillon d’une ride à peine ébauchée sur son front. Son visage brille et respire la bienveillance…
« Tu sais, le yoga a complètement guéri les douleurs de nuque de mon mari, vraiment tu devrais essayer !
– C’est vrai ? Tu crois ?
– Pourquoi je te dirais ça si ça n’était pas vrai ?
– Oui, pardon, tu as raison, je suis toute tourneboulée tu sais… Je t’ai dit beaucoup de choses, je n’ai pas l’habitude…
– Je comprends. Justement, parler t’a permis de lâcher un peu de cette tension qui t’habite. Va, essaie le yoga, ça ne coûte rien que le prix d’une séance et qui sait… Tu pourrais y trouver un grand réconfort sans avoir besoin de pommades ou de pilules !
– Top là Mireille ! Tu as raison, je ne risque rien à essayer… »
C’est gonflée d’une joie toute nouvelle que je quitte le cabinet de Mireille. Il est une heure tapante. Elle m’a fait faire quelques mouvements et pour finir, nous avons bu… un thé au jasmin !
« Voici l’adresse, le téléphone et le nom du prof, je crois que c’est tous les lundis, tu peux appeler aujourd’hui et commencer la semaine prochaine !
– Super ! Mireille tu es un ange, mille mercis, je te tiens au courant ! »
La leçon du lundi s’avère formidable. Cours de yoga Iyengar. Inconnu au bataillon. Des outils partout, planches, briques, cordes, auxquels nous accrochons tantôt les jambes, tantôt le buste, ou même la tête et restons de longues minutes à respirer... Que de sensations épatantes ! Il semble qu’une porte s’ouvre sur un monde de perceptions non encore exploré d’une profondeur inconnue. Je deviens immédiatement élève assidue, sans me douter de l’ampleur des transformations qui s’annoncent…
Autobiographie d'une pilote non ordinaire
Avec l'aimable autorisation de
19/02/2023
En effet ce yoga tente d'explorer les terres restées encore vierges de notre inconscient. Il cherche à bâtir un phare sur les côtes lointaines de notre monde de veille pour y éclairer l'océan de nos rêves. Mieux encore il nous embarque sur des navires de haute mer en partance pour nos nuits les plus profondes.
L'espoir et l'envie de la découverte étant les plus forts, l'adepte au Yoga Nidrâ s'éloigne de la terre ferme et de ses attaches familières pour aller chercher les secrets les plus intimes de l'être. Ils sont parmi les plus jalousement gardés, les plus extravagants et les plus incroyables aussi. Dans ce vaste champ empreint d'une douce torpeur, dans ce sommeil paradoxal, l'espace et le temps se confondent volontiers pour s'ouvrir sur une autre dimension.
Au fur et à mesure que la côte du monde connu s'éloigne, le yogi voyage résolument dans un monde devenu onirique et son exploration devient irrémédiablement celle de sa propre mémoire. En ce sens le Yoga Nidrâ est une formidable machine à remonter le temps, une quête de notre état originel. Chaque voyage entrepris consciemment à l'intérieur de ce nouvel espace-temps est comme de la mémoire qui s'actualise, une partie de notre être le plus profond qui se dévoile, enfin autant de connaissances magiques qui se « rêvèlent ».
Le Yoga Nidrâ signifie le yoga du sommeil. Il s'agit, ne nous trompons pas d'un yoga royal, d'un véritable couronnement de toute une vie de pratiques.
Différentes techniques permettent d'entreprendre ce formidable voyage intérieur :
En premier lieu, il convient de préparer sa nuit pendant la journée. Comme on fait son lit, on se couche. Il faut répéter des exercices de concentrations particuliers qui devront être rejoués pendant la nuit. Les postures sont également les bienvenues, elles augmentent le niveau d'énergie et la fréquence vibratoire. Les exercices de prânayama sont également très utiles, ils chercheront à inscrire la légèreté ainsi qu'à préparer un souffle subtil durant le sommeil.
En deuxième lieu, il faut fragmenter sa nuit en plusieurs phases d'endormissement et de réveils. Certains exercices ultimes préconisent de dormir à terre sur un simple tapis, pour rendre le sommeil plus précaire. Enfin, pendant ces nuits, il convient d'étendre le plus largement possible la frontière ténue entre l'endormissement conscient et le sommeil lui-même. Cette interpénétration entre le sommeil inconscient et l'exercice de la conscience donne la part belle à celle du rêve. Les rêves doivent devenir plus prégnants, plus vivants. Il est alors possible d'obtenir un premier succès dans cette voie : il s'agit de devenir conscient dans son rêve sans pour autant se réveiller ni faire cesser le cours du rêve. Recouvrant la pleine conscience le yogi se « réveille » dans son propre rêve sachant parfaitement qu'il rêve. Cela est prodigieux et ajoute un plaisir immense au rêve. Le yogi expérimente une liberté nouvelle, celle d'être conscient dans son rêve.
Plus loin encore dans cet exercice il est possible de contacter à distance des personnes connues, des personnes défuntes ou des divinités magiques. Il est très difficile d'expliquer cela, mais le yoga des rêves sans conteste permet de voyager au sein de Buddhi appelé aussi Mahat ou le Grand Principe. Il s'agit du premier tattva impersonnel dans la hiérarchie du système énergétique de la Kundalini. Dans cette sphère règne une énergie affective intense. Elle est principalement activée par les résidus karmiques des actes accomplis sur terre. Ce champ d'investigation reste sujet à caution, mais pour le yogi qui expérimente le sommeil conscient il est tout aussi réel que le monde de veille. Plutôt que d'en parler et de spéculer, il convient plutôt de l'expérimenter.
Enfin après de nombreuses pratiques et plus sûrement encore après plusieurs années passées dans les exercices répétés du Yoga, l'adepte comprend qu'il existe une continuité entre nos trois états de conscience ordinaire soit le monde de veille, de rêve et de sommeil profond. Il s'agit d'un quatrième qui les contient tous et qui les transcende. Il est nommé Turya Tittà, le quatrième état. Dans cet état particulier le yogi garde toujours la conscience d'une sorte de mémoire qui sous-tend les trois autres. Il n'y a plus vraiment de frontières marquées, bien délimitées entre le rêve, le sommeil et l'état ordinaire de la conscience. Ce quatrième état signifie aussi que toutes nos activités, nos pensées, nos désirs sont suspendus dans un vide qui les contient tous. Cet état sans véritable support fait comprendre à l'adepte du Yoga Nidrâ qu'en vérité la possession matérielle est une illusion. A ce titre nous sommes arrivés dans ce monde sans rien et nous en repartirons également les poches vides. Lorsque nous retournerons à notre état profond et immémorial, nous ne pourrons y emporter aucun des objets matériels qui semble tant nous préoccuper de notre vivant. Dans cette logique, comme le sommeil se confond avec le rêve et l'état de veille, il n'est même pas affirmé que nous soyons vivants plutôt que morts, ces états sont tous autant transitoires que celui de nos jours et de nos nuits.
Cette logique conduit également à une nouvelle proposition audacieuse, le monde de veille tel que nous le connaissons ordinairement ne serait en réalité qu'une continuité de notre état de rêve. Il s'agirait seulement d'un rêve éveillé, mais sans que l'on sache que l'on rêve. En effet celui qui sait obtenir la conscience de veille pendant le rêve peut tout autant faire pénétrer l'état de rêve dans celui de la veille. Cet état est encore plus prodigieux car il décuple l'état de conscience d'une façon inimaginable.
N'oublions pas que c'est notre manque d'imagination qui nous limite et nous illusionne, le jugement que l'on a de soi n'est bâti que sur des croyances que l'on a fait sienne sans que l'on en ait vérifié leur véracité. Lorsque seule la sensation demeure, affranchie de toutes croyances, elle devient la réalité.
avec l'aimable autorisation de yoganet
23/01/2023
Enfance et rébellion - Extraits
Ma « petite maman petit ange adorée » s’occupe de nous du mieux qu’elle peut, mais ses trois filles Marguerite, Mirabelle et Framboise lui sont un lourd fardeau qu’elle ne nous cache pas. Est-ce la terrible perte de notre petite sœur Prune qui s’exprime par ses lamentations ? « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour avoir des enfants pareilles ? » C’est la rengaine qui, dès que nous l’entendons mes sœurs et moi, nous fait éclater de rire, nous moquant de notre pauvre mère attristée et à bout de ressources. Le fait est qu’arrivée sur cette planète à fond la caisse, je ne m’éclate que dans ce qui va vite ou ce qui fait peur (à maman bien sûr, pas à moi). Comme de jouer au taureau (moi) chargeant le matador (Framboise) à travers tout l’appartement, pour finir le crâne éclaté dans les radiateurs ! Ou bien de grimper sur les rebords des fenêtres du huitième étage et regarder maman paniquée n’osant faire un geste de peur que l’immeuble s’écroule et moi avec. Ou bien encore de foncer tête baissée à bord de tout engin roulant, tricycle, vélo, kart ou moto, pour là aussi me fracasser en mille bobos tous plus sanglants les uns que les autres… Sans oublier que j’entraîne dans mon sillage la petite Framboise qui régulièrement se met à chougner en hurlant comme « une Matra qui démarre » ! Heureusement Marguerite, l’aînée compense, avec ses jupes plissées, ses lunettes studieuses et son air rangé. En apparence du moins… Et tandis que les jours s’écoulent avec leçons de piano et pâtisseries du dimanche personne ne se doute des tours fantasques et tragiques que la vie va nous jouer.
« Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour avoir des enfants pareilles ? »
Elle est pourtant croyante notre maman, pourquoi ne trouve-t-elle pas de support auprès de sa religion ? Auprès de la petite Marie, dont elle nous parle si souvent ? Il semble que sa religion lui ait plutôt montré un chemin de douleur, où tout doit être souffrance… La vie ne devrait être que peines et sacrifices, comme un chemin de croix. « Oh là là ! C’est gai ! » me dis-je dans ma jeune tête…
Sans grande conviction mais sans hostilité non plus, je suis tout cela et même le catéchisme avec l’attention d’une petite fille sage comme une image, priant la maman de Jésus chaque soir en lui offrant des icônes, ne comprenant pas cependant comment elle a pu concevoir son fils sans faire l’acte. Quel est le secret caché par ce prodige ? Il semble même que cet acte mystérieux dont on n’ose pas parler, l’acte qui nous permet de venir au monde et d’avoir des enfants, cet acte-là serait carrément le « pêché capital » !
Là, dans ma très jeune tête, je bloque. Quelque chose ne tourne pas rond dans cette religion. Ma mère ayant eu quatre enfants aurait donc pêché au moins quatre fois ? Comment serions-nous nées s’il ne fallait pas faire l’acte ? Comment les humains seraient-ils en vie ?
Ces questions me préoccupent beaucoup du haut de mes huit ans. Je ne comprends pas cette logique illogique et il me faudra près de quarante années avant de saisir la signification de ces concepts. Le sens caché enfin révélé de ces symboles sera bien loin des idées de pêché entraînant faute, culpabilité, punition et toute une chaîne de conditionnements arbitraires dont on me remplit la cervelle et la vie.
Aussi, vers le début de mon adolescence, lorsque mes propres désirs s’orientent vers les garçons, ma fidélité envers Marie jointe à l’adoration que je voue à ma petite maman se dégradent sérieusement pour tourner en haine féroce. Sans aucun recul pour comprendre que ma mère est simplement victime d’une éducation erronée, je l’accuse de tous les mensonges que je reçois, et le petit ange adoré devient un démon redouté.
C’est que je veux vivre mes rêves, moi ! Qui n’ont rien à voir avec la vie étriquée de ma famille calquée sur les modèles insipides subrepticement distillés par la société. Assurer un boulot jusqu’à la retraite (idéalement fonctionnaire), vacances d’été à l’océan, vacances d’hiver au ski, cotisations de sécu, livret d’épargne, congés payés, et ça roule ! Mais vers où ? C’est ça la vie ?
Des rêves d’absolu, l’union cosmique, le grand amour, je ne veux que ça. Les amourettes qui ponctuent ma vie ne m’intéressent pas. Je veux tout : la communion des âmes, la sublimation de l’amour dans le mélodrame, l’amour métaphysique et transcendantal. Carrément. Je divague en murmurant ces mots que je ne comprends pas, mais dont la seule résonance suffit à m’emporter au loin.
Assoiffée d’absolu. Assoiffée de vérité. Assoiffée de divin. Je suis. Mais je ne le sais pas encore. Je sais seulement que je ne supporte pas l’hypocrisie et que la vie que l’on me montre n’est que mensonge. Y compris la religion. Car je découvre peu après que sur la planète Terre, la même planète que Jésus et Marie, des humains se tuent au nom de leur religion, que même le terme « guerre de religions » est autorisé, admis, répertorié. Alors c’en est fini : je tire un trait définitif sur toute forme de religion puisqu’une telle incohérence venimeuse se cache en elle. Et comme je suis emplie de feu – que je ne sais ni reconnaître ni maîtriser – ce trait sera extrêmement violent.
Ça éclate.
Dans la famille : terminées les leçons de piano à la Croix-Rousse avec papa, finis les bons gâteaux du dessert dominical ; je balance ma rage en fuyant les repas familiaux au moindre prétexte, claquant les portes avec fracas pour me réfugier dans ma chambre et planer sur la musique des Pink Floyd en brûlant de l’encens enivrant.
Au lycée : être bonne élève n’empêche pas ma révolte de couver comme une bombe à retardement, surtout envers certains professeurs belliqueux que je provoque ouvertement avec mes vêtements de hippie, foulards de couleurs et autres attributs marginaux. Ce professeur d’allemand surtout, qui ressemble à Hitler avec sa petite moustache, sa raie dans les cheveux gominés et sa façon insupportable de secouer son trousseau de clés sur un rythme militaire en dirigeant notre entrée en classe, en rang comme des soldats ! « Marche Marche ! » vocifère-t-il sur la cadence infernale de sa limaille métallique. Je ne manque jamais de regarder ce frustré de la guerre dans les yeux lorsque je passe devant lui, y jetant haine et fureur qu’il me rend bien. Je ne compte plus les renvois et convocations chez le proviseur ! Peu m’importe ! Rien ne me fera plier devant cet énergumène aux allures de nazi.
Des années lycée, je garde un goût de jeans et de baskets, de parties de tarot dans les préaux lorsqu’on séchait les cours, de manifs contre l’autorité voleuse de liberté, de soirées de rock and roll endiablé et surtout, surtout, de solitude, de différence, de séparation de je ne sais quel être.
Que fais-je sur cette planète ? Quel est le sens de cette vie ? Les questions métaphysiques sont au centre de mes préoccupations. Lors de toute réunion, soirée, partie, aussi excitantes soient-elles, je finis toujours par m’échapper vers un endroit calme. Alors, je regarde mes pieds, en baskets, puis les étoiles, et mes pieds, et les étoiles… C’est quoi, cette histoire ? Qu’est-ce que je fais là, moi ?
Et chaque fois comme si je devenais grain de poussière, un immense vertige me fait tourbillonner dans l’espace, voguer d’étoile en étoile, entendant leurs rires cosmiques et cristallins qui me taquinent tandis que mes questions lancinantes restent en suspens.
Peintures et maquillages, masques et paillettes, faire le beau et montrer le vernis. Cacher ce qui est vrai et que personne ne voit. Notre société roule toute seule en emportant des milliers d’êtres humains vers un no man’s land désertique, sans cohérence ni vérité. Ce monde est faux et je n’en veux pas.
Aussi, lorsque je rencontre l’amour de ma vie, rebelle comme moi, nous vibrons à l’unisson. Refusant d’être comme les « normaux » du monde et de la société, nous embarquons dans un bateau ivre d’amour et de passion pour être simplement nous-mêmes. Mais comment faire ? Cela nous ne le savons pas. Alors tout sera extrêmement violent et passionnellement destructeur…
Autobiographie d'une pilote non ordinaire
Avec l'aimable autorisation de
18/01/2023
C'est un art de vivre millénaire dont s’inspirent les yogis au quotidien. Par exemple, chaque jour de la semaine est associé dans les Védas (les Védas sont à la source de l’hindouisme, en sanskrit Véda signifie connaissance) à une couleur, une planète, et à une divinité spécifique.
Lundi (Somvar)
Est associé à Shiva et Chandra (la déesse lune) et la couleur recommandée est le blanc. (À défaut de blanc: bleu & rose & vert pâle nuancés). C’est le jour de la lune. Une personne née sous l'influence de la lune sera honorable, puissante et riche. Il est indiqué de jeûner le lundi. La divinité Soma qui est associée au lundi est de couleur blanche, figurée sur un char à trois roues, tiré par trois chevaux, et portant une massue dans une main.
Mardi (Mangalvar)
Est associé à la planète Mars. La couleur conseillée ce jour-là est le rouge (brillant, lumineux). (À défaut de rouge: orange & rose pâle nuancés).Aucune activité bénéfique ne peut et doit être engagée ce jour-là ; en revanche, (il faut porter du rouge qui apporte chance). Mangala, la divinité qui lui est également associée est de couleur rouge, et chevauche un bélier. Mangala a quatre bras et porte un trident et une massue. Quelquefois, il conduit un char. Mangala étant maléfique, il convient de vénérer cette divinité pour freiner ses activités malveillantes.
Mercredi (Buddhvar)
Est associé à la planète Mercure. La couleur recommandée est le vert (ou vert-poire). (À défaut de vert: bleu & gris & marron pâles). Budha, la divinité associée au mercredi est le fils de Soma (la Lune) ; doté de quatre bras, il est de couleur jaune et tient une massue, une épée et un bouclier. Il chevauche un lion. Les vêtements que porte Budha, ainsi que sa guirlande autour du cou, sont jaunes. Discret, il exerce toujours son influence en conjonction avec d'autres planètes. Il est d'usage de donner de la nourriture aux brahmanes ce jour-là.
Jeudi (Guruvar)
Est associé à la planète Jupiter. La couleur conseillée est le jaune. (À défaut de jaune: orange & doré). C’est une journée dédiée à la spiritualité, à l’enseignement et l’initiation, mais aussi au maître spirituel (guru). Brihaspati, la Divinité qui lui est également associée est de couleur jaune. Il a quatre bras, il est assis d'habitude sur un lotus, ou bien sur un char d'or tiré par huit chevaux. Ses mains portent une massue, un mala et une sphère. Une personne sous son influence accumulera des richesses. Brihaspati est l'Enseignant des dieux.
Vendredi (Shuravar)
Est associé à la planète Vénus. Les deux couleurs recommandées sont le bleu clair, ou le blanc. Il est indiqué de jeûner le vendredi. Shukra, la divinité qui lui est associée est le Maître des démons. De couleur blanche et pourvu de quatre bras, il est assis sur un lotus. On le montre aussi conduisant un char surmonté d'une quantité de bannières, tiré par huit chevaux couleur de flamme. Il porte dans ses mains deux malas et une massue.
Samedi (Shanivar)
Est associé à la planète Saturne, la plus maléfique des planètes. La couleur conseillée le samedi est le noir. (À défaut de noir: bleu foncé). La divinité qui lui est associée est Shani, Il a l'aspect d'un vieil homme de couleur noire à quatre bras, à cheval sur un vautour, ou un char de fer. Ses mains tiennent un arc, un trident et une flèche. On lui attribue tous les malheurs. C'est en raison d'une malédiction dont l'avait chargée son épouse que Shani a le pouvoir de tout détruire de son regard. Aussi regarde-t-il toujours vers le bas pour ne prendre aucun risque. Il convient de vénérer cette Planète le samedi pour apaiser son influence négative.
Dimanche (Ravivar)
Est associé au soleil. Les couleurs qui lui sont également associées sont le jaune, l’orange et le rouge. C’est aussi le jour où l'on vénère Shakti (Energie Féminine) et c'est une bonne journée pour commencer une entreprise, débuter quelque chose. La divinité qui lui est associée est Ravi, elle est de couleur rouge et chevauche un char à une seule roue tiré par sept chevaux. Deux de ses quatre mains tiennent une fleur de lotus, ou bien une roue (chakra) et une conque.
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